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Wing Foil trip à Belle-Ile-en-Mer
Randonnée, foil, baignade et plongée... le team part à la découverte de Belle-Ile-en-Mer. Voilà le récit de cette "mini aventure" en famille.
Depuis quelques années déjà, nous avions projeté d'emmener les enfants à Belle-Ile-en-Mer. Adolescente, Delphine y avait passé ses vacances d'été. Elle en gardait un très bon souvenir. J'y étais passé deux ou trois fois en coup de vent, le temps d'une session de surf ou d'un rdv. Je n'avais jamais pris le temps d'en faire le tour. L'île est en face de la maison, à 15 km au large de Quiberon. Mais le prix de la traversée, nous avait arrêté à chaque fois dans notre élan. Aussi, nous avions laissé l'île aux locaux, aux fortunés et à ceux qui ont le temps d'y séjourner longtemps.
Pour cette fin d'été 2021, nous avions prévu de partir en balade. Une fenêtre de 10 jours. Destination à décider au dernier moment, en fonction des opportunités et de la météo.
J'avais besoin d'images pour la rubrique foil de standup-guide. L'océan était désespérément plat à perte de vue, mais, après des semaines de grisaille, Météo-France annonçait 10 jours de soleil et de vent d'Est. Belle-Ile pourrait être une bonne option.
Delphine appelle la compagnie maritime. Nous sommes mercredi. Il reste une place dans le bateau de samedi soir pour notre véhicule hors gabarit. C'est parti.
Je règle par virement pour bloquer notre place sur le ferry. 700 euros pour 15km. Pas de réduction pour les résidents du 56. Ça pique un peu. Le même prix que pour la Corse, les frais de route et la fatigue en moins.
Samedi 21 août - Prêt pour l'embarquement.
17h. Nous finissons de préparer le camion. Les batteries sont chargées, nous avons le plein de gasoil, d'eau, de vivres et de jouets (foil, wing, SUP, surf, masques et tubas, chaussures de randonnée).
C'est trop bon de penser que notre bateau est à 19h. Et qu'à 20h, nous serons à destination. Pas de stress, pas de route et la sensation de partir à l'aventure malgré tout.
19h. Toutes les voitures ont embarqué. Je suis le dernier véhicule sur la zone d'embarquement, comme un oublié, à qui on n'a pas jeté un regard. Enfin, un opérateur s'approche de moi. Il me lance : "Vous faites demi-tour pour vous engager en marche arrière." Nous sommes à 500m du ferry. L'embarcadère est encombré par des travaux. Spontanément, je pense qu'il me fait une farce. Je rigole et répond : "Très drôle !" Il répète sa consigne sur le même ton sec. Je m'exécute et embarque en suivant ses indications. Le guidage est parfait. L'attitude, franchement désagréable.
Mais déjà nous quittons Quiberon. C'est oublié.
L'alternative pour traverser : la navette à voile
Pour ceux qui embarquent sans véhicule, qui ont un peu de temps et qui veulent transformer la traversé en beau moment, il y a Saona, un gros catamaran qui effectue une liaison régulière entre Quiberon et Belle-Ile. Plus d'info : iliens.fr
Belle-Ile : Le Palais
Dernier entré, premier sorti. Nous voilà à le Palais. Il fait beau. Les terrasses sont pleines, ça grouille de vie. Delphine qui a une mémoire visuelle exceptionnelle, prend une respiration, laisse remonter ses souvenirs et nous guide. A gauche, à droite. En quelques minutes nous sommes au calme, de l'autre côté de l'île, prêts pour notre première balade et notre premier coucher de soleil.
Les Aiguilles de Port Coton
Première soirée. Nous partons pour une balade en attendant que le soleil se couche derrière les aiguilles. Elles n'ont pas bougé depuis le passage du peintre Claude Monet. Le loup de pierre contemple toujours la lune mais il n'hurlera pas ce soir. Le temps est calme. Maxime prend le relais et rebaptise le site : "les pointes de coton".
Nous dormons sur place. Au petit matin, les enfants débusquent un "chemin" d'accès à la plage. Nous descendons prudemment le long de la falaise. D'en bas, le site est impressionnant. Le soleil levant éclair la pointe des aiguilles tandis que nous sommes encore dans la pénombre. Le loup n'a pas bougé. Le vent est à l'ouest.
De Sauzon aux Poulains
Nous décidons de traverser l'île pour randonner à l'abri du vent. Nous partons de Sauzon et suivons le sentier jusqu'à la pointe des Poulains.
J'aime découvrir la côte à pied avant de me jeter à l'eau. Cela permet d'identifier les abris et les dangers.
Le vent d'ouest est encore léger. Il devrait forcir dans l'après-midi. L'autre option aurait été de réaliser le parcours à la rame. Partir au petit matin de Sauzon. Remonter au vent jusqu'aux Poulains en longeant au plus près de la côte. Pique-niquer aux Poulains en attendant que le vent forcisse. Redescendre en down-wind en surfant les trains de houle qui passent au large.
Astuce logistique pour réaliser ce parcours à la rame : Il y a un loueur de planches de stand up paddle et kayaks juste au-dessus de Sauzon à Port Puce. Une bonne idée si on est sans planche ou si on veut partager la balade en famille en emmenant les enfants en kayaks.
La balade est exceptionnelle. Nous croisons peu de marcheurs sur le sentier. Chaque crique est une invitation à la baignade. L'eau est transparente vu d'en haut. Un peu fraîche lorsqu'on y plonge.
Première session. Wing foil au large des Poulains
Nous sommes de retour à Sauzon. Il va être temps de se jeter à l'eau. Le vent a forci. Le port est à l'abri mais on voit au large les moutons et les voiliers à la gîte.
J'aurai adoré navigué devant le port de Sauzon. Vu des falaises, le cadre est très photogénique avec les voiliers au mouillage et l'eau translucide. Mais le vent d'ouest y est trop off-shore et déventé.
J'ai repéré lors de notre randonnée une mise à l'eau à Port Puce. Ce n'est pas idéal mais c'est juste à côté et ce sera mieux orienté.
Nous arrivons sur le petit parking de Port Puce à 18h. Avec l'exposition plein Nord et les falaises, la plage est déjà à l'ombre et désertée. Le loueur de kayaks range son matériel. Le parking est à nous. Les voiliers filent au large. L'excitation monte et je prépare mon foil sans trainer.
La crique est un trou de souris encadré de falaises. Au milieu du passage, j'ai repéré ce matin un rocher solitaire qui, maintenant que la mer est montée, se tapit à fleur d'eau. La mise à l'eau va être un peu délicate. Mais, une fois le passage franchi, le vent sera orienté side-shore.
Je prends mon départ à l'abri du vent, au ras de la falaise ouest et rame vers le large allongé sur ma planche comme sur un surf. C'est le gros avantage du wing foil. Il m'aurait été impossible de sortir ici en kite.
Une fois dehors, le vent est bien là. Il me faut quelques minutes pour trouver mes marques. Retrouver mes appuis. Prendre la mesure du plan d'eau. Les falaises perturbent le vent et m'oblige à naviguer au large. Je prends mes repères pour retrouver la faille de Port Puce puis tire quelques grands bords au près serré pour remonter jusqu'aux Poulains. Arrivé à la pointe, je repère un train de houle et m'élance en downwind à la poursuite d'un voilier qui, plein vent arrière, fait route vers Sauzon.
Le terrain de jeu est intimidant et j'aurais bien partagé le moment avec un ami... La sensation (non usurpée) d'être en plein océan. Je me sens tout petit. Heureusement, quelques bateaux de pêches et voiliers croisent sur la zone. Ça me rassure. Je recommence une fois mon petit manège. Mais, l'heure tourne et me voilà seul sur l'eau. Il est temps de rentrer.
Je vise mon trou de souris, prend mon élan au grand largue et rentre à bon port, sain et sauf, épuisé. Nous dormons sur place.
Initiation Wing foil aux Grands Sables
Lundi matin. Pas de houle. Léger vent de Nord-Est. Les conditions devraient être idéales pour initier Delphine et les enfants au wing foil à la plage des Grands Sables.
La plage est parfaite pour naviguer. Il y a de la place, pas d'obstacle et tout de suite du fond pour le foil.
Les garçons sont très excités et découvrent le support.
Sur l'heure de midi, la brise thermique vient contrarier le vent d'Est et mettre fin à la session.
Le vent est complètement tombé. La mer est d'huile, l'ambiance devient estivale et les planches de stand up paddle sortent.
Nous prenons l'option de poursuivre notre découverte de la côte et partons en randonnée vers la pointe de Kerdonis (à l'Est).
Nous dormons à proximité des Grands Sables pour profiter dès l'aurore du vent d'Est.
Vent d'Est, vent du matin
Mardi. 7h30. Le vent de Nord-Est est bien présent. Je prépare mon matériel et file sur l'eau. Le plan d'eau est "en chantier" et je joue à surfer les gros clapots.
Après deux bonnes heures de navigation solitaire, je rentre à la plage et prépare avec les garçons les petites voiles pour leur session. Les conditions ne sont pas idéales pour débuter. Les enfants ne volent pas encore et le clapot rend l'équilibre précaire sur ma petite planche. Comme la veille, le vent tombe en fin de matinée.
Après une randonnée urbaine à Palais, nous allons repérer à pied la côte au niveau de Bordardoué. Dans sa jeunesse, mon père s'élançait de cette plage sur son dériveur et ça m'amuserait de tirer quelques bords dans son sillage. La plage est un peu enclavée, mais ça paraît jouable. Pour l'heure, le temps est calme. C'est plutôt le moment d'aller déguster la bière locale. La Morgat est brassée sur place.
Faut-il quitter un spot qui marche ?
Mercredi. 7h. Nous admirons le soleil se lever sur Bordardoué. Le vent de Nord-Est est très on-shore et perturbé par le relief. J'hésite entre l'option d'une jolie photo sur fond de lever de soleil et la promesse d'une bonne session aux Grands Sables. Comme nous sommes sous le vent des Grands Sables, je ne peux rejoindre le spot en partant d'ici. Je dois faire un choix. Je prends l'option d'une bonne session et nous remontons au vent par la route.
7h30. La plage de Grands Sables est déserte. Nous reprenons notre emplacement de la veille. Vue sur le spot. Un beau carré d'herbes entre le camion et la plage pour gréer et pique-niquer. La session tient ses promesses et le vent tient jusqu'à midi.
J'aurai encore navigué seul jusqu'à 10h. Puis j'aurai partagé le plan d'eau avec un groupe d'enfants sur 3 catamarans.
Plongée à l'abri du vent - plage d'Herlin
Mercredi. 12h. Les garçons souhaitent plonger. Nous passons de l'autre côté de l'île pour trouver une crique à l'abri du vent.
C'est la magie d'une île de la taille de Belle-Ile. On passe en un clin d'oeil d'un côté à l'autre.
Nous trouvons notre bonheur à Herlin. La mer est d'huile, l'eau translucide. Les garçons passent l'après-midi sous l'eau. Ils explorent chaque rocher de cette petite crique paradisiaque.
Encore un coucher de soleil et deux vieilles
A la fin de la journée, nous trouvons au bout d'une piste une pointe sauvage qui nous offre un panorama à 300 degrés sur l'océan. La promesse d'admirer un coucher et un lever de soleil du même endroit. Nous nous y installons pour la nuit.
Alors que le soleil se couche, deux plongeurs surgissent de la falaise. Nous allons à leur rencontre avec les garçons. La pêche a été bonne : un sar, un congre et deux vieilles. Les garçons les écoutent avec attention parler avec passion de pêche sous-marine. Viendra le jour où ce sera leur tour. Paul ancre ce souvenir dans sa mémoire. Je lui montre le spot sur la carte. Nous trouvons le petit chemin qui descend jusqu'à l'eau à flanc de falaise. Nul doute qu'un jour les deux frères reviendront ici avec leurs harpons.
Surf à Donnant
Jeudi. Les prévisions ont annoncé une micro entrée de houle dans la journée. Si ça surfe quelque part, ce sera à la plage de Donnant. C'est LE spot de surf de Belle-Ile. Nous nous garons sur le "parking du haut" pour profiter du panorama. Cette anse est vraiment superbe avec ses falaises, sa petite plage et ses îlots rocheux.
Les vagues sont toutes petites et le spot saturé par les écoles de surf. Je compte quatre groupes de stagiaires. Pour la première fois depuis notre arrivée, nous ressentons "le monde". Le surf est vraiment devenu trop populaire. Je sais pourquoi j'apprécie de plus en plus surfer en wing foil en plein océan. Seul.
Maxime a vu passé une jolie petite gauche tubulaire. Il trépigne d'impatience. Je l'accompagne pour une session de surf "père et fils". Les écoles finissent par sortir de l'eau et nous nous amusons bien dans ces micro vagues tubulaires.
(Je ressors de mes archives une vieille photo (2013!) lors d'une session de SUP surf à Donnant. Nous étions partis avec mon ami Pierre Romain en Zodiac de Carnac pour profiter d'une houle qui passait trop au large pour être surfée à Quiberon. On s'était bien marré. Mais honnêtement, le spot de Donnant n'est pas adapté au SUP surf. Trop de monde, et pas de place pour se décaler en été. Trop de mouvements d'eau pour tenir confortablement debout lorsque la houle prend de la taille.)
Démotivés par la foule, Paul et Delphine ont passé leur tour. Ils sont partis en randonnée explorer la côte Nord-Ouest. Ils marchent de Donnant aux Poulains et reviennent de cette balade avec les yeux qui brillent et l'envie de nous montrer les coins qu'ils ont repérés.
Plongées, paddle et couchers de soleil à Ster-Braz
Lors de notre dernière randonnée, nous avons découvert le vallon de Ster-Braz. Avec ce vent d'Est bien établit, la crique offre un abri très protégé et se révèle un magnifique terrain de jeu, de rêverie et de contemplation.
Dans ces conditions météo (vent d'Est, abscence totale de houle), c'est un bon point de départ pour aller explorer la côte en paddle. La grotte de l'Apothicaire ou les Poulains sont à porter de rame.
Nous y établirons notre campement pour les après-midis et les soirées jusqu'à la fin du séjour.
La crique est très poissonneuse et permet aux garçons de plonger en sécurité et d'en prendre plein les yeux. Ils passent leurs après-midis dans l'eau.
Soaring aux Grands Sables
Si nous passons les après-midis à l'abri du vent sur la côte ouest, nous passons les matinées aux Grands Sables. Pendant que je navigue, les garçons trouvent leur rythme et leurs marques et vont à la rencontre des habitués de la plage.
Un matin sur deux, il y a ce prof de gym avec son cours un peu "vieille école" et son groupe hétéroclite.
Il y a surtout Tristan, ce garçon qui vient faire voler tous les matins son immense planeur. Il est passionné de pilotage et manie son avion avec une grande dextérité. Il explique aux garçons le principe du soaring. Les vents dominants d'Ouest permettent d'habitude de voler de l'autre côté de l'île mais avec ce vent de Nord-Est établit, les Grands Sables se révèlent une bonne alternative.
Rencontre avec des extra-terrestres
Un matin, alors que je navigue, j'aperçois deux ailes de kite à l'horizon. Je me demande d'où ils ont pu partir. Un quart d'heure plus tard, ils déboulent aux Grands Sables. Ils sont en kite foil, toilés comme pour un record de vitesse et chargés comme des mules avec d'énormes sacs sur le dos. Ils posent leurs bardas sur la plage et repartent sur l'eau où ils exécutent un show de haut niveau. Je reconnais Etienne Lhote (rider F-one et moniteur de kite à Gavres). Il est accompagné de son ami Didier Botta. Ils arrivent de Gâvres et transportent leurs ailes de parapente! Respect.
Didier écrira plus tard : "Durant 3 jours nous nous sommes déplacés en kitefoil, avec, sur le dos, le matériel de parapente et de speedriding. Depuis Gâvres à Quiberon, puis jusqu'à l'île d'Houat et enfin Belle-Ile-en-Mer. Le but était de découvrir ces îles et profiter du vent de Nord-Est pour y voler.
Wing foil à Herlin
Après une semaine de navigation aux Grands Sables, je commence à me lasser. Le vent de Nord-Est y est bien orienté mais le plan d'eau est très clapoteux.
Il était temps d'essayer une sortie sur la côte ouest. Les falaises et le vent off-shore allaient rendre le projet compliqué mais le cadre autrement plus grandiose valait la peine de tenter l'aventure.
Je jetais mon dévolu sur la crique d'Herlin. L'accès de la plage de Baluden allait m'offrir un point de départ jouable. Après m'être écarté de la plage à la rame, je trouve une zone avec suffisamment de vent pour décoller. Le vent rebondit sur les falaises, tourbillonne, change de direction, mais le plan d'eau est d'huile et me permet de voir les risées qui s'y dessine nettement. C'est une navigation technique mais magique. Le cadre est grandiose. J'ai l'impression d'être à l'autre bout du monde.
Après 10 jours d'exception, riches de navigations, de plongées, de rencontres et de randonnées, où nous en avons pris plein les yeux et les jambes, c'est sur cette image, que nous rentrons à la maison, à 15km de là !
Par Laurent de Standup-guide
et la team : Delphine, Paul et Maxime