Escapade en van autour d'Annecy. Rando, snow, vélo, skate et paddle

Quand la météo impose la destination : Soleil sur Annecy

Mercredi 4 avril. Nous avons programmé avec Delphine un petit trip de 10 jours en van à partir de samedi prochain. Notre destination n'est pas encore arrêtée. Irlande, Ile de Jersey, Ile de Ré, Galice ? La liste des options possibles est ouverte. C'est la météo qui va trancher. C'est ce que nous aimons avec les vacances en camion. La possibilité de choisir une direction au dernier moment. Aussi, sommes-nous tous les deux, affairés derrières nos ordinateurs, à décortiquer les prévisions météo. Je regarde plutôt les prévisions de houle, quand Delphine cherche surtout le soleil. Côté soleil, les prévisions sont mauvaises. Méditerranée, Côte Atlantique, Italie, Espagne, Portugal, Irlande... selon meteofrance, il risque de pleuvoir partout. Partout, sauf.... sauf dans la région d'Annecy. Au-dessus d'Annecy, meteofrance a collé un beau soleil sans nuages pour les dix jours à venir. Delphine est enthousiaste. Elle a très envie d'aller découvrir Annecy et randonner dans ses environs. De mon côté, je me souviens des images de courses de stand up paddle sur le lac d'Annecy produites par « l'Alpine Lake Tour ». Le cadre paraissait grandiose. Nos amis sont unanimes : Annecy, c'est magnifique. Vous allez adorer.

Pour notre dossier « voyager en van », je voulais écrire un article sur « partir skier en camping-car ». Nous avions programmé un trip en mars. Le manque de neige fraiche dans les Alpes et l'annonce de fortes chutes de pluie en dessous de 2000m dans les Pyrénées nous avait découragé. Nous avions loué à la dernière minute un appartement dans les Pyrénées, aussi haut que possible. Nous avions profité d'un super ski mais mon article n'avait pas avancé.

Cette fois l'option parait bonne. Il a neigé tout le week-end sur les sommets autour d'Annecy, il devrait encore neiger un peu samedi prochain et après : soleil.

Dimanche 10 avril. Après une journée et une nuit passée sur la route nous arrivons ce dimanche matin à la Clusaz. Bien qu'il ait neigé la veille sur les sommets, la route était dégagée et notre gros camion s'est hissé sans encombre jusqu'à la station. Le soleil brille. C'est dimanche. Les locaux sont venus profiter d'une belle journée de ski. Pour aujourd'hui, nous leur laissons les pistes et partons explorer à pied le village et ses environs. Nous sommes entre deux saisons. Le village de la Clusaz est à 1100m. A cette altitude, il reste un peu de neige sur les versants exposés au Nord et nous devons choisir notre itinéraire avec soin pour garder les pieds au sec. Notre randonnée nous emmène jusqu'au col des Confins. C'est un départ de randonnée à ski et le parking est plein. Nous profitons de la vue superbe et observons les derniers groupes monter en file dans les combes. Un dragon, hélicoptère rouge et jaune de la sécurité civile, vient porter secours à un randonneur visiblement blessé. Les garçons admirent l'hélicoptère sans vraiment réaliser que, s'il est là, c'est que quelqu'un là-haut doit passer un mauvais moment.

Nous redescendons au village récupérer notre camion puis nous allons nous installer dans un coin tranquille que nous avons repéré lors de notre tour d'horizon.

Nous sommes plutôt bien installé. Apéro. Préparation des planches. Etude du plan des pistes. Prêt pour demain.

Pour cette première nuit à 1300m, il gèle dehors. Notre camion passe haut la main cette première épreuve en montagne. Il est bien isolé et nous sommes en mode hiver. Nous n'avons pas déployé le toit relevable et avons organisé 4 couchages dans l'habitacle. Notre chauffage au gaz maintient facilement les 14°C demandés.

Les 3 jours suivant nous profitons à fond de la station et de ses pistes désertées. C'est une neige de printemps. Ca passe bien en snowboards. Avec les garçons nous nous régalons et enchainons les descentes sans faiblir. A cette époque, les journées sont longues et une fois que la fermeture des remontées nous contraint à nous arrêter, il nous reste 2 bonnes heures de soleil pour faire sécher sur le parking nos affaires trempées par la sueur et la neige humide.

Après trois jours de ski intense, nous décidons de redescendre dans la vallée pour profiter du lac et randonner. Il faut à peine une demi-heure pour passer de la station de la Clusaz au lac d'Annecy.

Nous nous installons au bord de l'eau du coté de Talloires. Le lac est lisse, désert. En arrière plan les sommets enneigés des Préalpes captent les derniers rayons de soleil de cette belle journée. Quelques parapentes s'attardent en altitude. Le terrain de jeu est magnifique et offre tant de possibilités. On comprend au premier regard pourquoi Annecy est si prisé, en particulier des sportifs.

Jeudi matin. A la première heure, nous louons 4 vélos pour la journée. Il fait beau mais pas trop chaud. Le temps idéal pour pédaler et découvrir à notre rythme Annecy et son lac. La piste cyclable permet de parcourir la majorité des 40km autour du lac en toute sécurité. En revanche, ça roule... Entre les cyclistes à l'entrainement, les locaux qui se déplacent à vélo et les touristes en balade le trafic est dense sur la piste et nous sommes contraints de rester, la plupart du temps, en file indienne. Les enfants râlent un peu. Ce n'est pas qu'ils rechignent à pédaler mais ils ont envie de zigzaguer, faire la course, s'amuser. Pas de rester sagement en ligne. Nous multiplions les étapes. Zones d'observation de la faune, plages, châteaux, ports de plaisance, restaurants, cafés, aire de pique-nique, villages, Annecy, ... ce sont autant d'occasion de mettre pied à terre. Nous prenons notre temps et bouclons le parcours juste à l'heure. Le loueur nous attend pour fermer. Une autre option est de louer les vélos pour 24h. Cela peut permettre de prolonger le moment et de passer la soirée en ville en toute liberté.

Pour cette fois nous finissons la journée par un plouf bien mérité et rafraichissant dans les eaux du lac, un peu fraiches en ce début avril (10°C).

Vendredi matin. Avec Delphine nous nous levons à l'aube. Alors que les enfants continuent de dormir dans le camion, Delphine part en randonnée urbaine à la découverte de Talloires. La plage est déserte. Je profite de ce moment de calme et réalise quelques mouvements de yoga dans ce cadre si inspirant.

Le lac n'a pas une ride. Pas un souffle. Pas une seule embarcation. Si, finalement, un stand up paddle passe. Un rameur solitaire qui a tout compris. Déjà il s'éloigne à l'horizon. Là-haut, deux parapentes profitent de ce moment de calme à leur manière. Cela doit être assez grisant.

Delphine et les garçons m'ont rejoint sur le ponton. Nous prenons un solide petit-déjeuner tout en préparant le programme de la journée. Cascade d'Angon, col de Forclaz. Nous devrions bien marcher et en prendre plein les yeux.

En échauffement, je propose aux garçons un petit ride en skate. Il y a de nombreux skate-parks autour d'Annecy. J'ai repéré un pump-track pas trop loin. Un vendredi matin hors vacances, nous devrions y être assez tranquille. Les enfants sont enthousiastes. On file.

Effectivement, il n'y a pas grand monde au pump-track. Le cadre est plutôt sympa. La piste se révèle rapide mais un peu étroite. Nous prenons rapidement nos marques. C'est toujours chouette de découvrir une nouvelle piste. Trouver les trajectoires, les différentes options. Alors que j'arrive à pleine vitesse à l'entrée d'un virage, un enfant de 8 ans en trottinette décide de partir. Comme ca, sans un regard, sans crier gare, il plonge dans le bowl juste au moment où j'arrive. Trop tard pour crier. Soit, je le percute de mes 80kg, soit je m'éjecte pour modifier ma trajectoire. Dans un réflexe bienveillant, je choisis cette deuxième option et saute. Alors que mon pied touche le bitume, je sens sous ma main mon tibia qui plie et explose. Je hurle de rage et m'écroule en sachant que je ne vais pas me relever.

Mon pied pendouille à l'équerre de mon genou. Fracture ouverte du tibia. Fin de partie. Excuse-moi mon amour, je crois qu'on ne verra pas la cascade d'Angon aujourd'hui.

Déjà les pompiers arrivent. Je m'accroche à cette belle image du lac ce matin alors que je faisais mon yoga.

Je ne remercie pas le père de ce petit garçon qui, d'une part, en tant que skateur lui-même, aurait pu expliquer à son fils que c'est bien de regarder avant de partir, et d'autre part, aurait pu nous laisser ses coordonnées pour les assurances.

Je ne remercie pas cet interne qui est venu m'expliquer, alors que j'attendais depuis une heure, qu'il n'y avait pas de salle d'opération et qu'il allait me faire des points de suture et un plâtre en attendant qu'on puisse m'opérer, il ne savait pas quand. Je me suis demandé si c'était une blague ? J'ai choisi de m'énerver lui expliquant qu'il n'en était pas question.

Je remercie les pompiers, le service des urgences de l'Hôpital d'Annecy, les équipes qui m'ont opérées et les infirmières du service d'orthopédie. Je remercie en particulier le chirurgien qui m'a visiblement très bien opéré (il y avait du travail) et grâce à qui je serai, j'espère, très vite sur pieds !

Nous serons obligés de revenir à Annecy pour aller randonner, voler en foil et ramer en stand up paddle.

A suivre donc.