Une semaine de SUP surf avec Jonathan du RedwoodPaddle Experience Center

Le temps est triste en Bretagne et la météo s'annonce déprimante à perte de vue. Un temps à partir. Je regarde le Maroc, c'est la bonne saison là-bas pour le surf. Agadir, 20°C, soleil, vent léger et offshore, les vagues sont à la baisse avec une accalmie pour le we mais les prévisions annoncent une entrée de houle pour le début de semaine prochaine. Pourquoi pas. Je regarde les vols. Il y a un Nantes-Agadir dimanche soir pour 250€ AR. Il reste 3 places....

Lorsque , j'étais passé saluer Christophe (le boss de redwood paddle) sur son stand au salon nautique de Paris, il m'avait annoncé l'arrivée d'un importateur Redwood au Maroc et la mise en place d'un centre de test. Il avait ajouté: "si tu vas au Maroc cet hiver, fais moi signe".

12H, j'appelle Christophe pour lui proposer une escapade d'une semaine au Maroc. Ce serait l'occasion pour moi de tester ses planches et le SUP center. Je sens que ca le tente, mais que ca va être compliqué pour lui de se libérer. Il me dit "j'appelle Jonathan (l'importateur redwood au Maroc) et je regarde comment je peux m'organiser; laisse moi 24h."

Je propose à Delphine de m'accompagner comme photographe. Elle décline l'invitation. Avec les événements récents en France, le Maroc l'inquiète. Je n'arrive pas à la convaincre. Ce n'est pas rationnel. Taghazout est surement plus sûr que Paris. Mais ca l'inquiète et elle n'est pas la seule.

Pas de nouvelle de Christophe et je n'arrive pas à le joindre. Je refais un petit point météo et aérien. L'entrée de houle se confirme ; il ne reste plus qu'une place dans le vol de dimanche.
J'ouvre une nouvelle fenêtre internet. Recherche: "redwood paddle maroc". OK. Contact: Jonathan. Il y a un numéro de mobile. J'appelle. On discute un bon quart d'heure. Le courant passe bien. Il est dispo la semaine prochaine. Banco. Je raccroche, bloque la dernière place et envoie un mail à Jonathan pour lui confirmer ma venue.

Je prépare ma valise: passeport, combinaison manche courte 2mm, un short, 3 T-shirt, tongues, crème solaire, mini-pharmacie, ordi, appareil photo, un sac étanche. Tout tient facilement dans un sac à dos. Pas de valise à enregistrer, pas de boardbag hors format, pas de stress de savoir si ma planche va être entière à l'arrivée. Que c'est bon de partir en trip les mains dans les poches.

Le vol est calme sans encombre. 95% de retraités à bord. Il y en a qui profite et ils ont bien raison. L'avion se pose, je change une cinquantaine d'euros à l'aéroport et prends un taxi qui m'emmène à Agadir pour 220 DAM (20euros). Le chauffeur est sympa, on discute bien et on rigole pendant le trajet. C'est bon d'être au Maroc.

Je me réveille au Sofitel après une bonne nuit dans un lit de ministre. C'est la saison basse à Agadir. L'hôtel est vide et j'ai eu un très bon prix.

Après un magnifique petit déjeuner, je traverse le jardin avec son immense piscine et me retrouve sur le front de mer.

Agadir mérite sa réputation de destination soleil. Il est 8h30, il fait déjà 20°C. La lumière est belle, il y a même une jolie petite vague qui déroule à gauche de l'hôtel. Dommage, je n'ai pas de planche. Un petit groupe de femmes marocaines est en pleine séance de gym . Il y a une longue promenade le long de la plage qui permet de rejoindre la marina. Je pars pour une marche matinale. L'ambiance est sportive sur la promenade. Les vendeurs de souvenirs et loueurs de vélos ou de surf s'installent. Je trouve même un loueur de surf qui a 2 planches de SUP à louer (mais il a oublié les pagaies...).

13h. Je retrouve Jonathan qui m'emmène dans un petit resto de poisson dans un quartier populaire d'Agadir. L'adresse est bonne. Typique. On prend le temps, il n'y a pas de vrai entrée de houle avant mercredi. Puis, on passe chez lui pour qu'il me présente le matériel du centre. Il y a une petite vague qui ferme juste devant. Pas grand chose à surfer mais je me ferai bien un plouf. On opte pour 2 gonflables histoire de rigoler et ne pas se prendre au sérieux. Et comme toujours en SUP dès qu'il y a une petite vague, on s'éclate...

Jonathan passe me chercher à l'hôtel. Pour profiter au mieux des petites conditions, il a pris 2 grandes planches (Phenix 9'6 et 10'). Je lui propose d'aller tester la petite vague que j'ai vu à gauche du Sofitel. On se met à l'eau devant le dernier hôtel de la baie. C'est joli. Il y a déjà deux surfeurs marocains sur le pic. Il y a une très belle gauche un peu plus loin et nous commençons à ramer vers la vague lorsque nous sommes arrêtés par un coup de sifflet. On rebrousse chemin. Les locaux nous expliquent que la vague que nous convoitions est devant un palais présidentiel et est interdite. Du coup on reste avec eux. Après la session, nous allons manger un poisson grillé au km 14 sur la plage de Tamraght. Bonne adresse. Puis on part checker les spots en mode 4x4 en roulant directement sur la plage. En fin de journée je récupère les clés de mon appartement à Taghazout. Jonathan m'a trouvé un 2 pièces avec balcon en première ligne (350DAM/nuit).

C'est bon de se réveiller sur le spot. J'ouvre en grand la baie et profite du lever de soleil sur la pointe des ancres. La houle n'est pas encore vraiment rentrée mais quelques surfeurs se mettent déjà à l'eau. On part faire le tour des spots pour trouver une bonne vague. Jonathan décide de pousser jusqu'à Tamri. C'est un beach-break bien exposé à 20mn de route vers le nord. La route est magnifique. D'un coté l'océan des bons jours (bien glassy), de l'autre les montagnes à la terre rouge couvertes d'arganiers. En dehors d'être un surfeur, Jonathan est issue d'une longue lignée de chasseurs. Il chasse lui même mais il a surtout cet amour de la nature et ce regard aiguisé qui font de lui un très bon guide. Nous arrivons à Tamri. Bonne pioche: il y a de la taille et personne à l'eau. Un pic à gauche, un pic à droite et un chenal au milieu. Parfait. Nous partageons une belle session, seul sur notre pic sous l'oeil observateur d'un berger et de ses chèvres qui sont là sur la plage. Le plan initial était petit surf matinal avant le petit dèj. Aussi lorsque nous sortons de l'eau à midi, nous sommes affamés et allons dévorer un bon tagin bien mérité. En sortant du restau, le vent s'est bien levé. Je rentre me poser à l'appartement pour travailler au calme.

Jonathan passe me prendre à 6h30. Nous avons prévu d'aller surfer la baie d'Imessouane et il y a une bonne heure de route. La route est magnifique avec l'aurore. Le soleil se lève derrière les montagnes. La houle est bien présente. Une belle journée qui commence. En arrivant à Imessouane, j'ai un choc. Je ne reconnais pas le petit village de pêcheur où j'avais planté ma tente il y a 20ans... Il y a maintenant une petite station touristique pour surfeur avec appartements, surf shops, restaurants... Heureusement, les petits bateaux de pêche bleus sont toujours là et il doivent surement vendre une bonne partie de leur pêche sur place! Et surtout, la vague n'a pas changé. Il y a juste plus de monde. Déjà une bonne trentaines de surfeurs au pic à 8h lorsque nous nous mettons à l'eau. Je suis un peu tendu, je déteste surfer dans la foule. Je prends rapidement une première vague et là c'est magique. Un boulevard. Un ride de plus de 500 mètres la vague déroule d'un bout à l'autre de la baie. Uniquement pour cette vague, ca valait la peine de venir au Maroc. Sauf que ce jour là je n'ai pas pris une vague mais une bonne trentaine le matin et autant l'après-midi. Il faut 5 bonnes minutes pour remonter à la rame au pic. C'est une blague une vague comme ca. Je remonte rarement jusqu'en haut. Je croise à chaque fois une vague vierge parce qu'un surfeur a chuté ou n'a pas passé une section molle. Et hop c'est reparti pour 300 ou 400m.

Après la session du matin, nous nous installons à petit café restaurant au bord de l'eau et dégustons de délicieux calamars grillés. Puis nous allons faire une petite sieste à l'ombre en attendant que la marée ne redescende et que la magie de la baie ne se remette en place. 15h. La vague commence à dérouler de nouveaux et un à un les surfeurs se mettent à l'eau. Si l'ambiance le matin était plutôt bonne, l'après midi quelques pros se mettent à l'eau avec une caméra en aqua et tout de suite l'ambiance n'est pas la même... Je laisse les 50 premiers mètres qui sont les plus creux aux pros et me positionne juste après le photographe. Il reste encore 450 mètres à surfer. Il y a un autre SUP à l'eau, un australien qui comme nous à le sourire jusqu'aux oreilles. Il m'explique que son fils lui avait dit que c'était une vague qui en valait la peine. Clairement, elle en vaut la peine... Mais pour combien de temps encore, vu le nombre d'immeubles en construction ?

7h. Je me lève et profite du lever du jour depuis mon balcon. Il fait déjà bon. La mer est lisse et j'aperçois les premiers surfeurs à la pointe des ancres. Encore une belle journée de surf qui s'annonce. Je retrouve Jonathan. Il me propose 3 options: surfer un des reefs de Taghazout mais il y a déjà du monde partout, surfer un petit beach break tranquille, ou un beach break solide. C'est l'avantage de la zone. Il y a du choix. Après la journée à Immesouane, nous avons plutôt envie de surfer tranquille. Nous retournons donc à Tamri. C'est gros et il n'y a personne à l'eau. Il y a une jolie gauche bien calée au large. Et c'est encore une belle session qu'on inscrit au compteur.

Après la session, nous retournons déjeuner au km14 (Tamrat, situé 14 km au Nord d'Agadir). Je ne me lasse pas de manger du poisson grillé face à la mer pour moins de 8€. Je me répète, mais cette plage a vraiment un charme fou avec ses petites cabanes de pêcheur, sa jolie droite tranquille sur un fond de sable et son petit restau sur la plage. Une bonne adresse pour passer la journée en famille. Deux ombres au tableau quand même:

1. Quelques écoles de surf viennent régulièrement s'installer sur la plage pour la journée, donc pas mal de monde à l'eau sur les horaires de cours.
2. Les champs juste derrière les cabanes servent de décharge. Le sol est tapissé de bouteilles, sacs plastique et autres détritus. C'est malheureusement un décor qu'on retrouve un peu partout. De temps en temps, ils font un tas et brule tout sur place...

8h. Je pars pour une marche matinale le long de la côte. J'ai donné rdv à 10h à Jonathan à la vague de "killer". Je redécouvre avec plaisir la pointe des ancres ("anchor point"), sa roche blanche sculptée et lissée par les vagues, ses palmiers et sa vague mythique. Les petites cabanes de pêcheur de mon souvenir ont été remplacées par des petits logements pour surfeur. Le charme est toujours là. La vague marche et ca bataille un peu au pic. Ce n'est pas vraiment un endroit où se mettre à l'eau en SUP. La mise à l'eau est un peu périeuse, il faut se jeter des rochers et il y a toujours du monde au pic. Ceci dit le cadre est magnifique, et c'est une balade sympa en SUP de se mettre à l'eau dans le port de Taghazout et de venir faire le tour de la pointe.

Après un moment assis tranquille à regarder les vagues, je continue ma balade vers le nord et passe devant le spot de "mystery", "la source" puis monte sur la falaise qui surplombe "killer". La vague fonctionne, mais le vent n'est pas idéalement orienté et le plan d'eau est ridé. Jonathan me retrouve et après avoir regardé la vague, il propose d'aller à un spot quelques km plus au nord qui devrait être à l'abri du vent. C'est plus petit mais effectivement à l'abri et il y a une jolie droite qui est en train de se mettre en place avec la marée qui monte. Et personne à l'eau... Malheureusement assez rapidement, le vent tourne et forcit et vient un peu gâcher la session.

Après notre désormais traditionnel poisson grillé au km14, nous rentrons à Taghazout et passons devant la vague de "hash point". La marée commence à être bonne et la vague est en train de se mettre en place. Jonathan a un rdv à Agadir. Il me dépose en combi sur la plage et me prête sa planche personnelle. Le plan d'eau est glassy, la vague est parfaitement calée avec une première section qui tube en douceur puis il y a une longue section tendue qui déroule sur près de 200m. L'ambiance est plutôt bonne. Seule ombre au tableau, l'eau ne sent pas très bon. La vague est juste en contrebas du village et visiblement toutes les maisons n'ont pas un système de traitement des eaux usées dans les règles... Rien de dramatique malgré tout. Nous avons un coucher de soleil sublime qui vient embellir encore cette session magique. Je surfe plus de 3 heures non stop et finis seul à l'eau. C'est ma dernière session et je veux en profiter jusqu'à la dernière goutte. Je finis la session par une petite balade au clair de lune pour rentrer à mon appartement par la mer plutôt que par la route. Elle n'est pas belle la vie...

Au bilan, 6 jours de surf sur 6 jours passés sur place. Grâce à l'expérience de Jonathan, nous avons réussi à surfer la plupart du temps tout seul malgré le nombre de surfeurs sur la zone. Je reviens réconcilié avec le Maroc, avec des souvenirs et des couleurs plein la tête et une sérieuse envie d'y retourner très vite.