Le Portugal en SUP, du Nord au Sud

De gauche à droite:
Laurent: fondateur de standup-guide, toujours motivé pour aller faire un plouf, devient malheureux après 48h sans se mouiller...
Delphine: photographe officielle du team, préfère ramer au soleil. Delphine se bat pour apporter du confort et de la richesse culturelle à nos périples.
Les garçons: 4 et 6 ans lors de ce voyage. Ils sont inséparables, bons marcheurs et toujours prêt pour aller à l'eau.

Au moment de partir, nous sommes invités au meeting starboard sur la costa brava en Espagne. Difficile de refuser. Ce n'est pas du tout la route. Mais je me refuse de faire l'aller retour en avion et décaler notre départ. On décide donc de modifier notre itinéraire. A Perpignan, nous passons saluer nos amis de Redwood Paddle; leur showroom est à l'image de la marque et de l'équipe: créatif, convivial et dynamique. Puis, nous arrivons sur la costa brava où en 48h nous découvrons et testons la gamme starboard 2016. Le temps fort de ce moment, restera un downwind de folie: une soixantaine de rameurs s'empare de l'intégralité des planches de test et part dans un bon 30 noeuds à la poursuite du champion Titouan Puyo. C'est aussi l'occasion de nombreuses et jolies rencontres dont un échange avec Sean Pointer (champion de SUP de vague) sur ses choix et réglages d'aileron. Très instructif.

Bem-vindo a Portugal, pays de la 4G

Pour notre première étape au Portugal, nous avons loué via airbnb une maison dans le village de Moledo. Moledo est le dernier village au Nord sur la cote avant la frontière Espagnole (matérialisée par le fleuve "Rio Minho").

Nous sommes fin septembre et la saison est visiblement terminée ici. Le village est vide. Sur le parapet du front de mer sèche une soixantaine de combinaisons en néoprène. L'école de kite est fermée pour la saison et les moniteurs sont en train de finir de ranger.

Il est encore tôt. Il y a du soleil, de la houle, personne à l'eau. J'interroge un des professeur de kite qui me dit que le surf sera meilleur plus tard quand la marée aura baissé. Nous avons donc le temps d'aller nous poser à la maison avant la première session.

Grâce au GPS nous trouvons facilement la maison sans demander notre chemin. D'ailleurs, je ne sais même pas comment on dit gauche et droite en portugais. Les clés sont, comme convenu, sous le paillasson. La maison fait parti d'un petit ensemble d'appartements mitoyens construit sans doute dans les année 70. Ambiance bois - high tech - art déco. Beaux volumes. Mais il fait froid. La maison est exposé nord. Le soleil ne rentre pas. Simple vitrage et pas de chauffage... C'est surement très sympa en plein été mais là nous sommes fin septembre. Même par grand bleu, il ne fera jamais plus de 15°C dans la maison. Je note de penser à vérifier l'exposition et la présence de chauffage pour nos prochaines locations. Heureusement, de la fenêtre de la chambre il y a une vue magnifique sur le spot avec en arrière plan l'Espagne....

Alors que je me mets à l'eau le premier jour, en quelques minutes un brouillard épais surgis d'Espagne, chasse le soleil et enveloppe la cote. La température chute brusquement et ma fine combinaison 2mm manche courte ne suffit plus. J'ai froid. C'est gros. Il y a beaucoup de courant. Heureusement, la vague ouvre bien et les quelques locaux sont sympas.

Ce brouillard froid et épais reviendra régulièrement lors de notre séjour dans le Nord. C'est visiblement localisé sur la côte et il ne faut pas hésiter à partir explorer l'arrière pays où, au même moment, il peut faire 15°C de plus!

De la brume, de l'eau froide, du courant, des rochers, une houle consistante... voilà des ingrédients qui pourraient faire penser que nous avons peu surfé. Et pourtant, c'est sans compter sans l'accueil chaleureux des surfeurs locaux. Ils m'ont guidé de spot en spot me conseillant sur le meilleur spot de la région pour le lendemain et le bon horaire pour la marée. Aucune remarque négative sur le fait que je surfe "debout à la rame". J'ai pris une grande leçon d'accueil.

Il ne faudrait pas non plus trop noircir le trait. Entre le brouillard et les coups de vent, nous avons eu aussi de très belle journée avec du petit surf parfait et toujours la possibilité de trouver une vague vierge et adaptée.

Delphine ici, lors d'un de ces moments magiques.

Nous fuyons la cote et son brouillard pour explorer l'arrière pays du coté du Parc national Peneda-Gerès (Seul parc national du Portugal). Châteaux et petits village de montagne offrent un cadre de toute beauté pour la balade. Dans chaque jardin, nous apercevons vignes et orangers. Nous serions bien parti pour une longue marche en montagne mais il commence à se faire tard et il y aurait une quarantaine de loups en liberté dans le parc...

Pour passer la nuit, on peut louer une maison dans les arbres dans le camping "lima-escape". Le camping est situé sur les rives de la Lima, le fleuve de l'oubli. Et il y a même des planches de SUP à louer. Mais si vous ramez sur la Lima, attention, la légende dit que "qui le traverse perd la mémoire"...

Vila Praia de Anchora est un très beau terrain de jeu pour carver en skate en attendant une marée favorable. L'esplanade devant le fort est bien large et lisse ; elle connecte en contrebas avec la cale où on trouve de la pente et on peut poursuivre par la piste cyclable le long du front de mer.

A Anchora, on trouve aussi un supermarché et des restaurants pour les amateurs de poissons.

Pour les marcheurs, il y a une jolie balade qui relie Moledo à Praia de Anchora en longeant la mer. On y croise les pèlerins qui vont à Compostelle par "la route portugaise".

Si l'été le vent dominant est Nord, à l'automne nous avons eu quelques jours avec de forts vents de Sud. Une bonne option est alors de traverser la frontière vers l'Espagne. Vigo n'est qu'à 1h30 de Moledo et à l'un abri du vent de Sud. Coté glisse, on peut choisir entre une session de sup surf à Patos (le pic principal est peu bondé), une balade dans la baie de baiona ou un donwwind de baiona à vigo...

A lire: notre balade "à la rencontre de la Pinta"

Nous passons une très belle journée à Porto. Il fait un temps magnifique propice à marcher en ville. Sous ce soleil, la ville est gaie et colorée. Delphine rayonne dans cette ambiance urbaine.

Au Portugal, l'océan n'est jamais très loin. D'ailleurs "Porto" veut dire "Port" en portugais. A quelques minutes du centre ville, nous retrouvons le front de mer ouvert sur l'Atlantique. Nous y faisons une longue et jolie marche sur la promenade jusqu'à la plage de Matosinhos où nous avons rendez-vous avec Nuno Pereira De Sousa à l'école de surf et SUP Onda Pura. Sur la plage, les écoles de surf se succèdent, nombreuses et actives. Dans l'eau de nombreux surfeurs glissent sur de petites vagues idéales à l'apprentissage. Ici on surfe en ville.

Pour louer un SUP à Porto, vous pouvez contacter Nuno à Onda Pura

Nous quittons la région du Nord à regret. Mais il est temps de rouler vers le sud.

Delphine a repéré un petit village qu'on surnomme "la Venise Portugaise"... Nous y avons réservée une chambre à l'auberge de jeunesse pour une nuit, le temps d'aller découvrir Aveiro.

Finalement la ville a peu d'intérêt et nous y ferons en plus notre seule mauvaise expérience culinaire du séjour. Je me souviens du commentaire de mon fils Paul: "Attendre aussi longtemps pour manger un poisson aussi mauvais..." Heureusement, la ria, les marais salants, le chantier naval, et le front de mer offrent par contre des ambiances très différentes dans un périmètre réduit.

Nous continuons la route vers le sud. Seul sur l'autoroute. Direction le village de Nazaré. C'est là que se trouve une des plus anciennes reproduction de la Vierge. Mais nous venons surtout pour voir LA vague... Ce jour là, nous ne verrons pas des vagues de 30 mètres mais une houle longue d'1m50 lève quand même une vague de près de 4m. Une vague épaisse massive qui, à chaque fois qu'elle casse, projette un nuage d'eau et produit un arc en ciel. Nous admirons le spectacle de la corniche 30 mètres plus haut. C'est franchement impressionnant. Nous restons plus d'une heure à contempler le spectacle, nous promettant de revenir lors de la prochaine grosse entrée de houle.

Un peu plus loin quelques bodyboarders se font brasser dans une vague tubulaire. Je n'ai aucune envie de me mettre à l'eau. Je connais mes limites...

Nous continuons notre route vers le Sud en évitant le célèbre village de Peniche. C'est la coupe du monde de surf et nous n'avons pas envie de nous retrouver dans la foule.

Nous arrivons à Ericeira où nous avons loué une petite maison dans le village. L'ambiance est étonnante. Le village reste un petit port de pêche portugais avec ses maisons blanches et bleues mais c'est la pleine saison du surf, toutes les voitures ont des surfs sur les toits, il y a des surfeurs partout dans les rues, dans les bars et bien sûr dans l'eau.

En arrivant à Ericeira, je me mets à l'eau à la célèbre plage de Ribeira d'Ilhas. Il y a une bonne houle, du vent offshore, la vague déroule sur plus de cent mètres et l'eau est chaude (au moins 5° de plus que dans le Nord). C'est parfait mais il y a juste trop de monde et je ne prends que 4 vagues en une heure. Je sors de l'eau un peu frustré et retrouve ma petite famille au bar de la plage bien sympa et à l'abri des vents. Nous échangeons avec des français qui squattent sur le parking et qui nous confirment que la vague est prise d'assaut du levé au coucher du soleil et que c'est pareil partout sur les spots alentours... Nous reviendrons pour le bar pas pour le surf.

La bonne nouvelle c'est qu'à Ericeira, il y a une vague parfaite à chaque pointe et qu'il y a beaucoup de pointes. La mauvaise nouvelle, c'est que si les "point breack" sont les plus belles vagues, ce sont des vagues qui supportent rarement la foule. Les spots sont faciles à trouver puisqu'ils sont signalés par un panneau en forme de surf avec le nom du spot et la carte! Il manque juste les indications de marée parce que la configuration des spots changent énormément avec la hauteur d'eau. Le lendemain, je pars en exploration et trouve une vague parfaite avec juste quelques surfeurs à l'eau. J'y surferai toute la semaine des conditions parfaites à 4 surfeurs max.

Avec cette grosse houle la plupart des plages sont inadaptées pour les enfants. Il y a toujours trop de rochers, trop de shore break, voir les deux. Nous trouvons quand même deux plages en plein coeur d'Ericeira où nos apprentis surfeurs pourront aller à l'eau.

• La première dans le port. Le port d'Ericeira est en fait une plage très abritée. Ce jour là, il y a une petite vague au bord, prise d'assaut par les écoles, des stand up qui font une balade au large et des bateaux de pêche qui viennent s'échouer sur la plage où ils sont sortis de l'eau tiré directement sur le sable par un tracteur. Les enfants sautent dans leur combinaison et se mette à l'eau trop heureux qu'on ait enfin trouvé une plage pour eux.
• La seconde toujours en pleine ville, juste au sud du port, est un compromis familial parfait. A marée basse, il y a une piscine naturelle qui permet aux enfants de nager en sécurité malgré la houle. A l'extérieur de ce petit lagon, il y a une très belle vague idéale pour le SUP. Le premier soir, nous sommes deux au pic, en pleine ville, la vague est parfaite! Tout le monde doit être à Ribeira...? Comme toujours au Portugal, au dessus de la plage, il y un petit bar où l'on peut siroter un jus de fruit (ou une bière) en regardant le coucher de soleil. Et cerise sur le gâteau, il y a un hôtel qui domine la plage. L'Hotel Vila Galé Ericeira. Une bonne adresse pour tout faire à pied...

Nous passons au Quicksilver pro shop d'Ericeira. Le magasin est impressionnant, immense avec des planches aux plafonds accrochés à un rail motorisé, un bar, un petit coin salon, un bon rayon skate et surtout un magnifique skatepark. On passe un bon moment à regarder les riders évoluer dans le bowl, les garçons sont subjugués et ils aimeraient bien essayer. Malheureusement le skatepark est interdit au moins de 8ans, alors on se rabat sur le parking de Ribeira.

La tempête se lève. Les vagues sont énormes et la balade le long de la côte est de toute beauté avec cette mer déchainée.

Nous passons une très belle journée à Sintra. On marche beaucoup. On loue une petite voiture électrique quelques heures pour aller voire les sommets, faire le tour des châteaux et s'aventurer dans les ruelles étroites de la ville. Mais notre plus beau souvenir est la visite des jardins du Palais de la Regaleira, juste féérique.

Nous passons un moment trop court à Cascais. Une jolie soirée douce à marcher sur le front de mer et se dire que nous aimerions y revenir. C'est beau, c'est propre, c'est chic. Lisbonne est accessible en train. Il y a pas mal de spots pour le surf ou la balade avec des plages plus faciles que du coté d'Ericeira. C'est à Cascais que se trouve la célèbre plage de Guincho qui est un spot réputé de windsurf. Et il y a même un spot de surf réservé au SUP "Praia da Parede". Un très beau spot de vagues sur dalle rocheuse (attention à marée basse, beaucoup de caillasses). Bref, Ce peut être un bon camp de base pour une escapade SUP et famille avec ambiance urbaine.

Pas de chance, nous visitons Lisbonne sous la pluie. Ca monte, ca descend, les enfants n'ont pas envie de marcher. Ca ne restera pas le meilleur souvenir de ce voyage, mais la encore nous en avons vu assez pour savoir que nous y reviendrons avec plaisir.

Il est temps d'aller explorer le Sud. Nous traversons le Tage en empruntant le plus grand pont d'Europe et descendons vers le Sud en prenant la route côtière. (L'autoroute n'apporte pas grand chose pour descendre et la route côtière est belle)

L'Algarve est une toute autre ambiance. Entre zone semi-désertique et petit village côtiers se succèdent champs d'éoliennes, de panneaux solaire ou d'orangers. On sent que le soleil est généreux ici et de nombreux surfeurs ou retraités s'installent pour plusieurs mois sur la côte vivant dans leur vieux vans aménagés ou camping car de luxe.

Nous installons notre camp de base à Raposeira, un tout petit village dans les terres à 10mn de Sagrès, qui est assez géostratégique pour pouvoir explorer la cote sud et la cote ouest de l'Algarve. Pour une fois, nous sommes bien installé. L'appartement est plein sud, la lumière rentre et c'est chauffé!

Coté surf, l'Algarve a l'intérêt de proposer deux exposition. Une côte exposée ouest avec du surf solide et consistant. Et une cote exposée sud avec de très beau parcours de balade et des plages de sables offrant un surf plus facile. Autre avantage, c'est en Algarve qu'on trouve l'eau la plus chaude du Portugal. La mer est souvent translucide et grouille de poissons de toutes tailles. C'est un bonheur de ramer et de voire tout ces poissons sous sa planche. J'ai régulièrement regretté de ne pas avoir emmené ma ligne de traine.

Mi-novembre. 7 heure du matin, le soleil apparait derrière les montagnes dans un festival de couleur. Il fait 8°C dehors. La longue gauche déroule comme un métronome et il n'y a personne à l'eau. J'enfile rapidement ma fine combinaison et me jette à l'eau. Quel contraste. La mer est à 20°C et une légère brume s'en dégage. Ambiance magique pour une très belle session.

Plus abritée de la houle, les plages du sud offrent de meilleurs options que la côte ouest pour partager un moment en famille, une balade en SUP ou un petit surf tranquille. Complètement isolée ou au coeur de petits villages de pêcheurs, chaque plage a son ambiance particulière et différente. Nous avons particulièrement aimé:

• Martinal: La plage est belle, le port de Sagrès est à quelques coups de rame, les rochers au large offrent un beau cadre pour une balade et les vagues sont toujours petites. Pour les amateur, le Martinhal Family Hotels & Resorts est juste derrière la plage et paraît être un bon camp de base de luxe avec piscines chauffées, club pour les enfants, location de SUP sur la plage... L'architecture de l'ensemble est, de mon point de vu, assez réussi et ca donne plutôt envie. Il faudra qu'on aille tester un jour...
• Salema: une jolie plage au coeur du village avec une petite vague qui casse sur un banc de sable à 50mètre du bord. Idéal pour l'apprentissage au milieu des bancs de petits poissons.
• Burgau: encore une jolie plage au coeur d'un village de pêcheur. Avec une très jolie gauche quand ca fonctionne.

Et il y en a tellement d'autres...

Lagos est un ancien port maritime qui a eu ses heures de gloire. On imagine bien en voyant le site que de nombreux navires portugais sont partis d'ici à la découverte du monde. Sans aller si loin, il y a une très jolie balade à faire en SUP le long des falaises et aiguilles juste à la sortie du port. Il y a aussi par forte houle une petite vague à la sortie du port.

A lire dans le guide des balades: les grottes de lagos

Faro est la capitale de l'Alagarve. C'est une ville moyenne de 65.000 habitants plutôt très agréable avec de bons petits restaurants et un énorme potentiel de balade en SUP sur la Ria Formosa (réserve naturelle et lieu de halte de nombreux oiseaux migrateurs). Coté océan, il y a quelques bons beach-breaks et Faro mérite sans hésiter d'y rester quelques jours.

Avec les enfants, nous avons passé un très bon moment au Centro Ciencia Viva do Algarve, un petit musée de la découverte avec une équipe pédagogique très attentionnée et compétente.